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L'or se couvre de rouille, l 'acier tombe en poussière, et le marbre s'effrite.
Tout est prêt pour la mort. ce qui résiste le mieux sur terre, c'est la tristesse, et ce qui restera, c'est la parole souveraine. anna akhmatova. en russie, à la fin des années trente, parmi les millions d'innocents arrêtés qui disparaissent dans les cachots et dans les camps, il y a le fils d'anna akhmatova, un des grands poètes russes du siècle. elle compose alors des poèmes qu'elle n'ose même pas confier au papier : des amis sûrs les apprennent par coeur et, pendant des années, se les récitent régulièrement pour ne pas les oublier.
En évoquant sa tragédie personnelle, akhmatova parle au nom de toutes les victimes, et aussi de toutes les femmes qui, comme elle, ont fait la queue pendant des semaines et des mois devant les prisons. ses vers " formés des pauvres mots recueillis sur leurs lèvres ", comptent parmi les plus poignants de la littérature russe. les dizaines de millions de voix étouffées et brisées qui, grâce à elle, traversent l'espace et le temps pour parvenir jusqu'à nous, résonneront encore longtemps dans la mémoire de la russie.
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Recueil de poèmes et de fragments écrits entre 1945 et 1959 par l'une des plus importantes poétesses russes du XXe siècle.
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édition bilingue / inédit
Ce livre inédit en français, "La Course du temps", est une anthologie pensée et composée par Anna Akhmatova elle-même. Soit un montage de plus de cent poèmes, de 1924 à 1964, qui se veulent les témoins d'une vie de femme et de poète : la sienne.
L'histoire de cette anthologie est complexe : Akhmatova tenta de la faire publier à plusieurs
reprises à partir de 1962, chaque fois dans une version différente, mais chacune fut refusée. Toutefois, une version tout autre imposée par l'éditeur parut en 1965. Quant à ce livre ici proposé, il correspond à une première version non censurée à laquelle Akhmatova avait songé, établie en 2000 par les éditions Ellis Lak.
Parmi nombre de souvenirs (notamment celui de la jeune femme qu'elle fut et qu'elle n'est plus), elle évoque des événements douloureux tout aussi personnels qu'historiques (l'emprisonnement de son fils, la mort par fusillade en 1921 du poète Nikolaï Goumilev dont elle fut l'épouse, la révolution d'Octobre 1917, le goulag, la Seconde Guerre
mondiale durant laquelle elle est évacuée, comme plusieurs centaines de milliers de familles, à Tachkent en Ouzbékistan, se rapprochant ainsi de l'Asie dont les « yeux de lynx », écrit-elle dans son poème « Pages de Tachkent », « ont décelé je ne sais quoi en moi »), et s'adresse à d'autres poètes comme elle importants avec lesquels elle converse
et partage le destin tragique, et auxquels pour la plupart, s'agissant de ses contemporains,
elle seule a survécu : Ossip Mandelstam, Marina Tsvetaeva (son « double », sa soeur poétique) qu'elle appelle, signe de connivence, par son prénom ; sans oublier Boris Pasternak ou encore le jeune Joseph Brodsky qu'elle découvrit très tôt, ainsi que
le poète Innokenti Annenski (« Le Maître ») et Pouchkine dont elle est « L'héritière ». -