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Benoit Damon
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La Farine est le premier livre de Benoît Damon. Sous-titré Une confession, l'ouvrage avait retenu l'intérêt de la critique comme du public. Récit âpre et tendu des années vécues entre l'adolescence et l'âge d'homme par un narrateur « en miettes », « un pitre humilié », « une caricature de Pierrot lunaire » qui se « pique à la poudre de Perlimpinpin pour garder la forme », cette remémoration d'une jeunesse fourvoyée par on ne sait quel tour de magie noire ou blanche signalait la naissance d'un écrivain. Dans une prose creusée, lapidaire et pointue, le narrateur évoque son apprentissage de boulanger-pâtissier. Les lieux, les hommes se rappellent à lui. Et les années de formation qui bien souvent déterminent la courbe d'une vie sont ici ramenées, contenues dans de brefs chapitres arrachés au silence comme autant d'éclats tranchants. Par-delà un hypothétique lecteur futur, c'est à sa mère que Benoît Damon adressait cette confession. La rage de lire qui très tôt s'est emparée de lui, ainsi que la puissance de vie léguée par «les écrivains morts» viennent éclairer la sombre traversée. Tout à la fin, une soudaine réconciliation « de moi à moi, et de mon être au monde » alertera le narrateur sur une métamorphose en cours qu'il était loin de soupçonner...
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Divisé en huit parties, Après les cendres peut se lire comme une chronique de deuil, tenue quatre années durant. L'auteur y interroge la disparition de la figure du père. « Écrire, c'est avoir la mort au bout de la langue. » Emprunté à Michel Schneider, cet exergue donne le la aux brefs chapitres d'un récit autobiographique fragmenté. Regard ironique et humour noir y font souvent pièce à la douleur commune : ils éclairent, subvertissent la part sombre des événements.
Par fidélité à une mémoire ancienne, certains lieux se détachent de l'épaisseur du temps ; ils bornent un territoire personnel et dessinent une géographie intime. Une filiation se dessine alors - mais en creux. Une transmission opère - mais par défaut. Une reconnaissance apparaît - mais grevée par le remord.
Une fratrie s'y esquisse - mais trouée par la dispersion. Bref, l'ordre naturel des choses suit son petit bonhomme de chemin. Et Benoît Damon arpente, avec une légèreté d'observateur attentif aux moindres faits, le plus grand cimetière de la ville jusqu'à découvrir ce qu'il ignorait y chercher. Entretemps, deux baudruches tombées du ciel, chacune porteuse d'un message espérant une réponse, sembleront lui avoir été expressément adressées par-delà une frontière invisible. Mais laquelle au juste ? Peut-être bien celle qui relie, plus qu'elle ne sépare ou divise, les morts des vivants ; et les hommes des enfants qu'ils furent hier, jusqu'à ceux d'aujourd'hui.
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Peu de temps avant sa mort, Théodore Géricault exécute dix portraits d'aliénés. Pensionnaire à l'hospice de Charenton, l'un d'entre eux, appelons-le "Monomane de la guillotine", s'adresse au jeune peintre durant trois séances de pose. Il raconte la Révolution, évoque le marquis de Sade, Marie-Antoinette, Louis XVI et leur exécution. Tissant des liens entre les évènements historiques et son destin individuel, cet « Enfant de la Patrie » convoque les figures parentales, sans doute jamais connues. Mais l'enquête est insoluble : bien que dévoilé, le mystère de la naissance demeure entier. "Je suis en ces lieux, comme je l'étais le jour de mon arrestation par trois hommes de main, - je suis, j'étais, je demeure qui je suis : le fils de la guillotine."
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Ariana. Quatre saisons. Des poèmes au jour le jour. Quelques nuits en complément.
Et visites chez les morts, amis au Pérou comme ailleurs. Passant du lyrisme retenu à l'ironie, Benoît Damon poursuit une méditation sur le temps et la finitude. Les journées sont la mesure définie par l'exigence poétique. Les lieux reviennent. Entraîné par l'urgence de résister à l'appel du « Bonhomme Néant » autant qu'à « la danse macabre demain » et à la force d'attraction du silence, l'auteur interroge les êtres, le monde alentour tels qu'ils vont. Discrets au début du recueil, le parc et le musée Ariana vont exercer un attrait grandissant ;
Au fil des pages, ils deviennent des « lieux d'ancrage » essentiels pour la réalisation de cette quête poétique. Lieux d'ancrage, mais aussi lieux de rencontres :
Tantôt avec certains habitués du parc (ils fréquentent les bancs et les allées, le pavillon abritant la cloche de Shinagawa, les pelouses ou les bassins), tantôt avec certaines pièces exposées dans les galeries du musée où Benoît Damon prend l'habitude de déambuler quotidiennement, ce qui finira par intriguer les gardiens et les mènera à prendre langue avec lui. Lieux de rencontres entre les êtres et les choses : et voici l'apparition inattendue d'une soupière convoquant comme par hasard la figure de la mère ; voici les prises de trois couvercles faisant écho au fruit du chêne dont il est question dans un poème antérieur ; voici les truites en fer forgé d'un bassin qui évoquent les truites de Courbet et celles d'un poète américain épris du Japon ; voici une balle trouvée sur un banc, occasion de saluer un vieux moine zen qui en portait toujours une sur lui pour jouer avec les enfants. Autant de coïncidences ? Oui et non. Balises inattendues, offertes à l'esprit en mouvement. Découverte, approfondissement des lieux par une fréquentation assidue : rencontres entre les vifs et les morts, les arts et les cultures, le passé et le présent. Ainsi, le musée Ariana et son parc rayonnent :
Foyer pour l'esprit, lieu d'apaisement, étrange « laboratoire poétique » auquel hommage est rendu. Benoît Damon se surprend à parler aux inconnus sur le chemin, ou à dialoguer avec les contemporains qui l'auront accompagné durant une année ou plus : et l'on retrouve des poètes aussi divers que Perse, Eliot, Cummings ou Stevens, Vallejo ou Heraud, Su Dongpo et Ryokan, Ronsard, Ponge et Queneau « qui aimait bien marcher les pieds dans l'eau », ou encore Brautigan et son chapeau.
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«Écoute bien. Par un soir de lune croissante, gagne la lisière du champ qui ondule en bas de la colline : dos tourné au soleil couchant, tranche net trois grosses têtes de tournesols fanés, déjà bien noires. Emporte-les. Dès le lendemain au réveil, puis chaque matin, fais sauter huit de leurs graines à la pointe du couteau : avale les deux premières aussitôt, les deux suivantes au milieu du jour, à l'instant où l'ombre disparaît, et garde les quatre dernières pour franchir sans crainte les lourdes portes de la nuit. Fais ce que je te dis - et remercie-moi : je ne connais pas de meilleur remède que celui-là pour combattre les foudroyants assauts de la mélancolie.»
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Un voyage dans l'univers fantasque du peintre originaire d'Ostende James Ensor, où se croisent des personnages souvent grotesques échappés de ses tableaux, qui s'affrontent et dialoguent. Neuf tableaux sont présentés en vis-à-vis des chapitres.
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