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Gallimard
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Capitale de la douleur ; l'amour la poésie
Paul Eluard
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 2 Mars 2023
- 9782073022769
«Parler aux hommes le langage de tous les hommes et leur parler cependant un langage tout neuf, infiniment précieux et simple pourtant comme le pain de la vie quotidienne, nul poète, avant Éluard, ne l'avait fait si naturellement. Transmuer en une sorte d'or vierge l'aspect des joies et des douleurs communes à tous, pour en faire éclater la splendeur unique, Éluard fut capable de cela plus intensément et plus aisément que nul autre. L'amour la poésie, ce titre (que je trouve follement beau), n'est-ce pas la formule exacte qui en coiffant impérieusement la vie permet de la renouveler ? La plupart des poètes ont célébré l'amour. Combien sont-ils, à la réflexion, qui l'aient porté en eux toujours et qui en aient imprégné leur oeuvre à la manière d'Éluard ? Capitale de la douleur, L'amour la poésie, je vois en ces livres des tableaux de la vie commune telle que par l'amour elle est rendue poétique, c'est-à-dire illuminée. Il n'est personne qui, pour un temps bref au moins, n'ait fait l'expérience de pareille illumination, mais les avares et les prudents ont la règle de rabaisser les yeux au plus vite, tandis que la leçon d'Éluard est de substituer définitivement le monde ainsi transfiguré à l'ancien et de s'en mettre plein la vue et plein les doigts sans avoir peur de se déchirer à ses aigus sommets.» André Pieyre de Mandiargues
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J'ai un visage pour être aimé ; choix de poèmes 1914-1951
Paul Eluard
- Gallimard
- 12 Mars 2009
- 9782070365715
Paul Éluard aimait lire les poètes. Il affirmait que la plus belle anthologie est celle que l'on compose pour soi, et il a réalisé en ce domaine l'une des plus toniques et surprenantes explorations de la poésie française à travers les siècles. En ce qui concerne son oeuvre personnelle, il a également, à pusieurs reprises, proposé des choix par lesquels il entendait suggérer un parcours allant de recueil en recueil et qui révélait à l'évidence l'unité foncière de sa démarche, la permanence de sa voix. C'est l'ultime recension voulue par Paul Éluard lui-même, peu de temps avant sa mort, qui se trouve ici rassemblée, avec pour titre l'un des vers où il apparaît en poète de l'appel, de l'offrande, en poète qui veut l'accueil, l'écoute, l'harmonie et l'amour. Tous les chemins suivis, toutes les émotions, tous les désirs, toutes les solidarités, tous les engagements tissent non pas un labyrinthe mais une échappée fragile et lumineuse, une quête sans cesse alertée, qui ne refuse pas les combats du monde tout en préservant une grâce singulière, une magie douce, une inapaisable tendresse. Avec cette anthologie, c'est toute la poésie d'Éluard qui se donne en partage. En elle, à toutes les pages, se lèvent un chant, une merveille, un visage qui savent se faire aimer.
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La vie immédiate ; la rose publique ; les yeux fertiles ; l'évidence poétique
Paul Eluard
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 21 Avril 1967
- 9782070300969
Amoureuses Elles ont les épaules hautes Et l'air malin Ou bien des mines qui déroutent La confiance est dans la poitrine À la hauteur où l'aube de leurs seins se lève Pour dévêtir la nuit Des yeux à casser les cailloux Des sourires sans y penser Pour chaque rêve Des rafales de cris de neige Des lacs de nudité Et des ombres déracinées. Il faut les croire sur baiser Et sur parole et sur regard Et ne baiser que leurs baisers Je ne montre que ton visage Les grands orages de ta gorge Tout ce que je connais et tout ce que j'ignore Mon amour ton amour ton amour ton amour.
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«Les expériences auxquelles va se livrer Éluard entre Le devoir et l'inquiétude (1917) et Les dessous d'une vie (1926) n'ont pas pour but d'affirmer l'originalité ou la virtuosité d'un écrivain, d'aiguiser ou de souligner sa singularité, ni de créer un frisson nouveau pour les connaisseurs. Éluard n'est pas non plus à cette époque à la recherche de lui-même, comme on dit. Tout se passe au contraire comme s'il s'était trouvé d'emblée, en même temps qu'il prend congé de Grindel pour adopter le nom de sa grand-mère. La voix la plus éluardienne se fait entendre dès le début, inimitable comme eau de source, effervescente de limpidité, volubiles et lisses vocalises de bulles d'oxygène naissant.»Claude Roy.
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Oeuvres complètes Tome 1
Paul Eluard
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 12 Juin 1968
- 9782070101894
«Paul Éluard (1895-1952) est avant tout le poète de ce qu'André Breton appelle "les vastes, les singuliers, les brusques, les profonds, les splendides, les déchirants mouvements du coeur". Dans les années 1940, sous une forme d'abord hermétique puis de plus en
plus transparente, s'affirme une veine autre, poésie de la Résistance et de la plus large communauté humaine, qui n'annule cependant jamais l'incantation amoureuse. Tout ce parcours est jalonné de textes en prose où s'affirment au fil des années des préoccupations
"ininterrompues" sur la nature de la poésie comme sur ses modes à travers réflexions et citations sur l'art en général et surtout sur l'apport des peintres qu'il aime et qui savent si bien "donner à voir"». Marguerite Bonnet. -
Oeuvres complètes Tome 2
Paul Eluard
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 12 Juin 1968
- 9782070101900
«Paul Éluard (1895-1952) est avant tout le poète de ce qu'André Breton appelle "les vastes, les singuliers, les brusques, les profonds, les splendides, les déchirants mouvements du coeur". Dans les années 1940, sous une forme d'abord hermétique puis de plus en
plus transparente, s'affirme une veine autre, poésie de la Résistance et de la plus large communauté humaine, qui n'annule cependant jamais l'incantation amoureuse. Tout ce parcours est jalonné de textes en prose où s'affirment au fil des années des préoccupations
"ininterrompues" sur la nature de la poésie comme sur ses modes à travers réflexions et citations sur l'art en général et surtout sur l'apport des peintres qu'il aime et qui savent si bien "donner à voir"». Marguerite Bonnet. -
«Je sais parce que je le dis Que mes désirs ont raison Je ne veux pas que nous passions À la boue Je veux que le soleil agisse Sur nos douleurs qu'il nous anime Vertigineusement Je veux que nos mains et nos yeux Reviennent de l'horreur ouvertes pures Je sais parce que je le dis Que ma colère a raison Le ciel a été foulé la chair de l'homme A été mise en pièces Glacée soumise dispersée Je veux qu'on lui rende justice Une justice sans pitié Et que l'on frappe en plein visage les bourreaux Les maîtres sans racines parmi nous Je sais parce que je le dis Que mon désespoir a tort Il y a partout des ventres tendres Pour inventer des hommes Pareils à moi Mon orgueil n'a pas tort Le monde ancien ne peut me toucher je suis libre Je ne suis pas un fils de roi je suis un homme Debout qu'on a voulu abattre» Le travail du poète, VII
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Pour vivre ici Je fis un feu, l'azur m'ayant abandonné, Un feu pour être son ami, Un feu pour m'introduire dans la nuit d'hiver, Un feu pour vivre mieux. Je lui donnai ce que le jour m'avait donné Les forêts, les buissons, les champs de blé, les vignes, Les nids et leurs oiseaux, les maisons et leurs clés, Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fêtes. Je vécus au seul bruit des flammes crépitantes, Au seul parfum de leur chaleur ; J'étais comme un bateau coulant dans l'eau fermée, Comme un mort je n'avais qu'un unique élément. (1918) [...]
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«Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé. Leur principale qualité est non pas, je le répète, d'invoquer, mais d'inspirer. Tant de poèmes d'amour sans objet réuniront, un beau jour, des amants. On rêve sur un poème comme on rêve sur un être. La compréhension, comme le désir, comme la haine, est faite de rapports entre la chose à comprendre et les autres, comprises ou incomprises. C'est l'espoir ou le désespoir qui déterminera pour le rêveur éveillé - pour le poète - l'action de son imagination. Qu'il formule cet espoir ou ce désespoir et ses rapports avec le monde changeront immédiatement. Tout est au poète objet à sensations et, par conséquent, à sentiments. Tout le concret devient alors l'aliment de son imagination et l'espoir, le désespoir passent, avec les sensations et les sentiments, au concret. [...]» Extrait de L'évidence poétique
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«Ce nouveau recueil de vingt-sept poèmes inédits en majeure partie marque un moment important dans la vie de l'auteur et dans son oeuvre. Je me suis voulu moraliste, dit-il dans sa préface. Combien de fois ai-je dû me répéter, avec cet entêtement absurde du combattant discipliné : 'Ce qui est mal te fait souffrir ou fait souffrir les autres, mais ce qui est bien est juste et harmonieux et sage, dans tous les sens ; tu le sais, ne ruse pas.' Car ruser avec le bien s'avère toujours plus possible que de conserver son mal. On ruse avec la vie, on ne trompe pas la mort. Mais ce bien et ce mal, quels sont-ils ? Combien de fois ai-je changé l'ordre de ces poèmes, remis au bien ce qui était au mal, et inversement ? Le jour suivait-il la nuit ou la nuit le jour ? Je suis d'humeur changeante, mais ni l'aube pour moi, ni le crépuscule, jamais ne trébuchent. Ils se transforment. Le mal doit être mis au bien. Et par tous les moyens, faute de tout perdre. Contre toute morale résignée, nous dissiperons la douleur et l'erreur. Puisque nous avons eu confiance.» (Bulletin de la NRF n° 30, déc. 1949)
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Poète surréaliste, poète engagé, Éluard, qui a lutté pour la liberté, s'est toujours voulu «un homme parmi les hommes». Sobre, limpide, fervente, sa poésie chante l'amour, le renouveau, le désir. Inégalée, lumineuse, elle est l'une des plus émouvantes et des plus belles qui soient. «Elle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens, Elle a la forme de mes mains, Elle a la couleur de mes yeux, Elle s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel. Elle a toujours les yeux ouverts Et ne me laisse pas dormir. Ses rêves en pleine lumière Font s'évaporer les soleils, Me font rire, pleurer et rire, Parler sans avoir rien à dire.» («L'amoureuse», «Mourir de ne pas mourir»).
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Une sélection de vingt poèmes extraits du recueil de Paul Éluard, Capitale de la douleur, vingt poèmes parmi les plus évocateurs et les plus émouvants de cette anthologie, vingt poèmes exprimant la palette des sentiments amoureux de Paul Éluard à l'égard de sa femme Gala : de la joie d'aimer à des cris de désarroi.
Des textes courts, rapides et saisissants qui donnent naissance à de merveilleux chants d'amour. Gérard Desarthe nous entraîne dans L'univers eux d'Éluard et nous guide à travers le J. et les rythmes de ses mots. Une interprétation toute en musicalité et en émotion.
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Ce livre reproduit le texte de cinq méditations poétiques destinées d'abord à la radio. En adoptant pour ces réflexions sur son art, pour cette suite d'essais, de poèmes en prose, de citations merveilleuses, la forme des voix alternées, Paul Éluard converse avec les grands poètes, ses frères. Les Sentiers et les Routes de la Poésie, c'est l'expression accomplie de ce dialogue entre les voix intérieures du poète et les voix humaines qui le touchaient. Un de ses amis demandait un jour à Éluard combien de temps il avait passé à écrire ces cinq émissions : «Trois mois - et vingt-cinq ans», répondit-il. Les textes qui sont mis dans la bouche de l'Auteur comptent parmi les plus beaux écrits en prose d'Éluard. Sur la poésie, l'imagination, l'amour, l'enfance, le fantastique, il s'est rarement livré avec plus de liberté, de charme et de bonheur. «Les véritables poètes, écrivait-il, n'ont jamais cru que la poésie leur appartînt en propre.» Aussi, aux confidences de l'Auteur, Éluard mêle-t-il un éblouissant florilège : poèmes, lettres d'amour, chansons populaires, poésies d'enfants, paroles célèbres ou obscures, inconnues ou glorieuses, mais dont chacune rayonne.
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La jarre peut-elle etre plus belle que l'eau ? - (1930-1938)
Paul Eluard
- Gallimard
- 24 Octobre 1951
- 9782070222070
Ce volume réunit quatre livres depuis longtemps épuisés, introuvables : La Vie immédiate (1932), La Rose publique (1934), Les Yeux fertiles (1936), Cours naturel (1938), c'est-à-dire tous les poèmes de Paul Éluard pendant les huit années qui l'entraînèrent vers une vue plus lucide, plus dramatique aussi du monde réel. C'est dans «La Vie immédiate», pourtant essentiellement surréaliste, qu'apparaît la première Critique de la poésie et c'est dans «Cours naturel» que l'on trouve déjà La Victoire de Guernica et Novembre 1936. La forme de ces poèmes au contenu plus direct a-t-elle perdu la grâce ? Sont-ils si différents des autres ? Non, si on leur apporte la même qualité d'attention. La jarre n'est belle que pour ceux qui ont soif de son eau.
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L'artiste américaine Kiki Smith a relevé le défi de la collection «Grande Blanche illustrée», espace où les artistes ont carte blanche pour se confronter aux plus grands auteurs de la littérature. Née en 1954, Kiki Smith est une figure atypique de l'art contemporain américain. Connue depuis les années 1980 pour son travail multidisciplinaire et pour la grande variété de médiums utilisés, elle explore avec audace et sensibilité le thème du corps fragile et intime, de la sexualité féminine et de notre rapport à la mort ou à la beauté. Depuis les années 2000, l'artiste se projette dans le monde du vivant, du végétal. «Soyons attentifs à la nature» : c'est ce que Kiki Smith exprime dans ses oeuvres les plus récentes. Pour son entrée dans la collection, Kiki Smith a choisi L'amour, la poésie de Paul Éluard. Paru en 1929, après un dernier hiver passé au sanatorium avec sa femme Gala qui devait le quitter, peu après, pour Salvador Dali, ce «livre sans fin», retrace l'aventure d'un homme désespéré et déchiré entre l'amour et la poésie, entre le réel et l'imaginaire, d'un homme à qui la poésie redonne, avec l'amour, le goût et la passion de la vie. Les interventions de Kiki Smith ponctuent ces poèmes dans un univers où corps, nature et cosmos rencontrent l'esprit du surréalisme. Kiki Smith, artiste mondialement reconnue, exposée dans les plus grands musées. En 2019, la Monnaie de Paris lui a consacré une exposition qui a obtenu un large succès de public et de critique. Elle était l'invitée de l'agenda Pléiade 2024. Titre publié à l'occasion du centenaire de la parution du premier Manifeste du Surréalisme d'André Breton.
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Ce recueil est un modèle de complicité artistique, les deux auteurs engendrant une oeuvre qui exige que les dessins de l'un et les poèmes de l'autre demeurent indissociables. Renversant l'ordre habituel des choses, Paul Éluard avait d'ailleurs tenu à préciser sur la page de titre du manuscrit de travail des Mains libres que c'était lui, le poète, qui avait «illustré» les dessins de Man Ray. En fait d'illustrations, les textes entrent plutôt en résonance intuitive avec les propositions graphiques : on dirait face à face des traits et des mots qui, tous, ont finalement fonction d'embarcadères et prennent un malin plaisir à jouer de l'égarement ou à décupler les destinations imprévues. Toutes les pages de ce livre témoignent d'une intuition active et partagée, toujours en mouvement, toujours éclairante. Deux artistes, avec leurs armes propres, y découvrent leur champ commun. Ils ont les mains libres, mais avec, en plus, le bonheur d'être ensemble.
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Courage et autres poèmes
Paul Eluard, Gaëtan Dorémus
- Gallimard-Jeunesse
- Enfance En Poesie
- 1 Septembre 2016
- 9782070599646
Ce recueil constitue un appel à la résistance, un hymne à la liberté et à la solidarité.
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Correspondance ; 1919-1938
André Breton, Paul Eluard
- Gallimard
- Blanche
- 5 Décembre 2019
- 9782072796586
Cette correspondance inédite fait revivre vingt ans de l'histoire de Dada et du surréalisme au fil des échanges entre deux acteurs majeurs. Des noms d'écrivains - Tzara, Aragon, Crevel, Char, Péret et d'autres - traversent ces pages, ainsi que ceux de peintres, Max Ernst et surtout Dali. On y voit l'histoire des revues s'enrichir de nouveaux épisodes. L'auteur de Capitale de la douleur et de L'amour la poésie a donné à la poésie surréaliste son plus pur éclat, sa participation aux côtés de Breton à la vie palpitante du mouvement se révèle primordiale. Les enthousiasmes alternent avec les aveux de détresse absolue dans le dialogue de deux êtres réunis par une amitié sans réserve. Relation dont l'un et l'autre mesureront rétrospectivement le caractère exceptionnel. «J'ai cru, comme en aucun autre, à ton amitié, à ta compréhension profonde de ce que nous voulions», écrit Breton à Eluard en mars 1936. À partir de cette année, les engagements révolutionnaires dictés au départ par la même et intransigeante passion les conduisent peu à peu vers des choix opposés. Rejoignant une aspiration de jeunesse vers la fraternité humaine, Eluard va en chercher l'incarnation du côté du Parti communiste auquel il adhérera pendant la guerre alors que les yeux de Breton se seront définitivement dessillés lors du premier Procès de Moscou. Sous nos yeux, la correspondance se fait la chronique d'une rupture.
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Des poètes et des peintres
René Char, Paul Eluard, Michel Leiris, Pierre Reverdy
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 5 Décembre 2016
- 9782072688195
Coffret de cinq volumes vendus ensemble
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Paul Eluard rencontra Helena Dimitrievna Diakonava, qu'il appelait Gala, en décembre 1912, dans un sanatorium suisse où ils soignaient tous deux une atteinte de tuberculose. Ils avaient dix-sept ans. Gala retourna en Russie, revint en 1916. Ils se marièrent en février 1917 et eurent une fille, Cécile, en 1918. Cette correspondance a duré bien au-delà de leur séparation en 1929, jusqu'en 1948, quatre ans avant la mort du poète. Ni le remariage de Gala avec Dali, ni celui d'Eluard avec Nusch n'affaiblissent la ferveur qui s'exprime dans ces lettres où un grand poète parle d'amour, physique, intellectuel et enfin «mystique», comme le dit lui-même Paul Eluard. Comme dans toute correspondance, on trouvera dans ces lettres le perpétuel souci du quotidien, de la santé, de l'argent qui manque, mais aussi les achats et les ventes d'objets, de tableaux, les conflits qui secouent le groupe surréaliste. On y verra, malgré l'abandon de Gala, quelle importance Eluard attache à l'opinion de Dali, qu'il appelle «la machine à penser» et dont il sollicite les critiques. On y suivra ses relations avec André Breton jusqu'à leur rupture (qu'accompagne cette phrase étrange : «à d'autres la vie bien établie»), ainsi qu'avec René Crevel, son «malheureux ami», Max Ernst (avec une brutale interruption en 1927), Pablo Picasso, Valentine Hugo, René Char, Man Ray... On y suivra aussi ses démêlés avec Georges Bataille et Albert Skira, les détails de l'«affaire Aragon» et du «procès» de Dali, la préparation des articles pour les revues (Le Surréalisme a.s.d.l.r. et Minotaure notamment) - et tous les instants qui font respirer une vie, de la « rage incommensurable» lors du bombardement de Guernica jusqu'à cette constatation lorsque la Seconde Guerre approche et qu'il reprend, mobilisé, son nom de Grindel (il se disait le plus vieux lieutenant de France) : «Je deviens un drôle d'homme.» On suivra, pas à pas, à chaque minute, la recherche entêtée de «ce qui ne déshonore pas la poésie». Mais surtout ce sont des lettres où un homme parle d'amour à celle qu'il a aimée «de toute éternité» comme «la lumière fatale de [sa] naissance».