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Ginkgo
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Morphine, publié en 1927, mais dont l'idée germa dès 1917, alors que l'écrivain était responsable du dispensaire d'un chef-lieu de canton, relate le destin tragique d'un médecin devenu morphinomane.
« Le 17 janvier. Tempête, pas de consultation. Ai lu pendant mes heures d'abstinence un manuel de psychiatrie, il m'a produit une impression terrifiante. Je suis fichu, plus d'espoir. J'ai peur du moindre bruit, je hais tout le monde quand je suis en phase d'abstinence. Les gens me font peur. En phase d'euphorie, je les aime tous, mais je préfère la solitude. » Le journal halluciné d'une descente aux enfers, dans les affres du manque, aux limites de la folie, par l'auteur du Maître et Marguerite.
Dans la superbe traduction de Marianne Courg - 1992.
Le récit Morphine fut publié en décembre 1927, dans la revue Le Travailleur médical. En fait, le dessein premier de l'oeuvre est bien antérieur puisque Mikhaïl Boulgakov avait commencé à travailler sur ce texte dès la fin de 1917.
Il songeait alors à écrire un roman qu'il voulait intituler Maladie. L'ouvrage devait rendre compte de l'état d'esprit d'un Boulgakov bouleversé par les événements révolutionnaires. Certes il ne pouvait être question de publier un tel livre en Russie mais, en ces années-là, l'écrivain envisageait sérieusement d'émigrer. Ces circonstances expliquent sans doute pourquoi Mikhaïl Boulgakov revient en 1927 à un projet vieux de dix ans, elles expliquent pourquoi ce récit possède une telle intensité romanesque, un tel impact psychologique. Texte tendu à l'extrême, Morphine est aussi un véritable cryptogramme autobiographique où Mikhaïl Boulgakov expérimente pour la première fois cette structure en abyme qui sera magistralement utilisée dans Le Maître et Marguerite.
Il s'agit du journal d'un jeune médecin, le docteur Poliakov, affecté juste après la Révolution russe à un poste dans une clinique rurale. Il y sera le seul médecin, assisté d'Anna, une infirmière dévouée. Il est atteint d'un mal qui n'est jamais nommé dans le récit, mais dont seule la morphine parvient à atténuer les effets. À ceci s'ajoute l'isolement et la solitude, nouveaux pour cet homme habitué à la grande ville où il a suivi ses études. Poliakov tombe alors dans la toxicomanie sous le regard impuissant d'Anna, qui voit augmenter les commandes de morphine pour le dispensaire. Bientôt, le narrateur éprouvera les affres du manque et sombrera dans la détresse et la folie, dont seul le suicide le sortira.
Le journal du médecin retrace la chronique de sa dépendance à la morphine, de sa première injection à la dernière un an plus tard.
Il vit d'abord l'euphorie - Puis le désespoir. Le docteur Poliakov décrit minutieusement sa déchéance, la fréquence des injections et leurs effets. Il exprime sa détresse et raconte sa dépendance de plus en plus forte à la drogue. Il écrit dans son journal de bord : « Je suis empoisonné, ce n'est pas un journal mais l'histoire d'une maladie ».
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Boule, un pauvre chien errant des rues de Moscou, est recueilli par l'éminent professeur Préobrajenski qui l'emmène à son domicile.
En ces temps troublés qui suivent la révolution de 1917, le scientifique, privé de son laboratoire, entend bien poursuivre chez lui son ultime expérience. Au risque de donner vie à un être incontrôlable.
Interdit par la censure dès sa rédaction, en 1925, ayant circulé « sous le manteau » pendant des décennies jusqu'à sa publication en Occident à la fin des années 1960, Coeur de chien est sous le couvert du fantastique une féroce et hilarante satire du nouvel ordre soviétique et d'un système absurde visant à la création de l'« Homme nouveau ».
Parue en 1990 à Moscou et jamais rééditée, cette superbe traduction d'Alexandre Karvovski rend à ce texte incomparable son irrésistible et inquiétante drôlerie.
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Guérassime, sourd-muet de stature colossale, sauve un jour une petite chienne de la noyade : celle-ci lui voue un attachement éternel et devient le centre de son existence. Mais Guérassime est un serf, et la maîtresse du domaine auquel il appartient, vieille dame autoritaire et capricieuse, n'apprécie pas ce petit animal qui a osé lui montrer les dents et dont les aboiements la réveillent...
Écrit en prison en 1852, alors que Tourgueniev était incarcéré pour des propos que contenait son article sur Gogol qui venait de mourir, Moumou, dont la figure de la dame-propriétaire tyrannique est inspirée de la mère de l'auteur lui-même, était après les Mémoires d'un chasseur un nouveau réquisitoire terrible contre le servage, qui allait finir par être bientôt aboli, et est devenu un des textes les plus célèbres et populaires de la littérature russe.
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Polikeï - familièrement connu sous le nom de Polikouchka - est un serviteur ivre et quelque peu voleur mais très habile avec les chevaux et avec une famille nombreuse. À une occasion, il va même jusqu'à vendre la montre de sa femme, mais il est découvert et se repent, promettant de ne jamais refaire cela. Pendant ce temps, les villageois, qui doivent envoyer trois personnes comme quota pour le service militaire, proposent qu'il fasse partie des élus. La dame s'y oppose et un paysan, Dutlov, est choisi par tirage au sort. Pour tester sa fidélité, la dame envoie Polikeï récupérer l'argent qu'un jardinier doit lui livrer...
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Niétotchka Niezvanova
Fiodor Dostoïevski
- Ginkgo
- Petite Bibliotheque Slave
- 28 Août 2024
- 9782846795807
«Nietotchka Niezvanova» raconte l'histoire d'une enfant dominée par son beau-père, Lefimov, un musicien raté qui se prend pour un génie négligé. Elle est étrangement attirée par cet homme ivre et ruiné, qui l'exploite et pousse la famille à la pauvreté. Mais lorsqu'elle est sauvée par une famille de l'aristocratie, les abus se poursuivent de manière plus subtile, la condamnant à rester une étrangère, une spectatrice solitaire d'une société scintillante. L'écriture de «Nietotchka Niezvanova», conçu pour être un très grand roman, fut interrompue par l'arrestation et l'exil en Sibérie de Dostoïevski. De retour à Saint-Pétersbourg après dix années, il ne reprit pourtant jamais ce roman qui demeure inachevé. Avec sa représentation de la souffrance, de la solitude, de la folie et du péché qui affectent à la fois les riches et les pauvres à Saint-Pétersbourg, il contient pourtant tous les grands thèmes qui domineront ses romans ultérieurs, et jamais Dostoïevski ne réécrira de façon aussi forte sur l'enfance.
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VII : La brouille des deux Ivan
Nicolaj Vasil Gogol'
- Ginkgo
- Petite Bibliotheque Slave
- 24 Septembre 2024
- 9782846795746
«Viï» et «La Brouille des deux Ivan» forment la seconde partie (la première partie étant formée de «Ménage d'autrefois» et de «Taras Boulba») du célèbre ensemble que Gogol nomma «Mirgorod», en référence à cette ville d'Ukraine (Myrhorod) devenue pour lui l'épicentre de l'âme ukrainienne, et où se déroule «La Brouille des deux Ivan». Il présenta ce nouveau recueil publié en 1835 comme une continuation des «Veillées au hameau près de Dikanka». Comme souvent, Gogol entremêle les genres, comme à une contée près du feu où les récits se succèdent. «Viï» est un conte fantastique et terrifiant, inspiré du folklore ukrainien, dans lequel un étudiant en philosophie va devoir affronter rien moins qu'une sorcière et une entité démoniaque... Cette célèbre et glaçante nouvelle a été traduite sous plusieurs titres qui en annoncent la couleur : «Le Roi des gnomes» ou La «Sorcière et le philosophe». «La Brouille des deux Ivan» évoque la divertissante dispute de deux propriétaires terriens, Ivan Ivanovitch et Ivan Nikiforovitch, au sujet d'une broutille. Tableau réjouissant de la vie d'une petite ville de province, la fameuse Mirgorod, «La Brouille des deux Ivan» annonce déjà par bien des aspects «Les Âmes mortes».
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Romachov, jeune sous-lieutenant d'un régiment en garnison dans une ville de province, rêve d'une haute carrière mais se heurte aux violences de la vie quotidienne au sein de l'armée et à la vie provinciale dont la médiocrité l'écoeure. Il ne trouve de lumière que dans son amour encore platonique pour Chourotchka, la femme d'un autre officier. Publié en 1905, peu après la fin de la guerre russo-japonaise, ce roman flamboyant et passionné qui valut la célébrité à son auteur, lui-même ancien officier, fut perçu comme une critique sévère de l'armée russe et de sa décomposition.
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Sur le conseil de Maxime Gorki qui l´avait incité à « courir le monde pour acquérir de l´expérience », Isaac Babel, alors apprenti écrivain, s´engage comme correspondant de guerre dans l´Armée rouge durant la guerre soviéto-polonaise de 1920. De mai à septembre 1920, cet intellectuel juif porteur de lunettes accompagna à travers la Volhynie, sous le pseudonyme de Kirill Lioutov, les cosaques de la 1re armée de cavalerie commandée par Boudionny, qui se bat contre les Blancs et les Polonais. Ces quelques mois donneront naissance au livre qui a fait sa gloire et qui fut très vite traduit dans toutes les langues. Les textes de Cavalerie rouge, d´abord publiés séparément dans des revues et des journaux, furent rassemblés pour la première fois en recueil par Babel lui-même en 1926. Babel a trouvé dans ces événements vécus, l´inspiration de ces récits « rouge » qui font penser aux Désastres de la guerre de Goya : prisonniers fusillés, cadavres accrochés aux arbres, femmes éventrées.. La truculence, la passion, le sombre humour de Babel remettent en question la condition humaine. Les horreurs de la guerre sublimées par la prose envoûtante d´un immense écrivain qui devait finir, comme tant d´autres, fusillé par Staline. « On ne saurait trouver nulle part une évocation plus cruelle, plus sauvagement belle, d´une époque extraordinaire où les pires horreurs prennent un aspect presque quotidien. Grâce à l´art de Babel, les atrocités et les scènes les plus répugnantes revêtent une grandeur épique. » (André Pierre) L´auteur : Né à Odessa en 1894, Isaac Babel se rallie à la révolution en 1916. Il rencontre Gorki qui l´encourage dans ses débuts littéraires. En 1920, il entre dans l´Armée rouge, expérience dont il tire en 1926 un recueil de nouvelles, Cavalerie rouge. Critiqué violemment parce qu´il ne célèbre pas assez « la vie nouvelle », il se retire de la vie littéraire en 1930. Injustement dénoncé, il est arrêté en 1939 et fusillé en 1940.
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Un héros de notre temps
Mikhaïl Lermontov
- Ginkgo
- Petite Bibliotheque Russe
- 12 Janvier 2024
- 9782846795586
Un des plus grands classiques de la littérature russe. Le roman, (le seul), écrit à vingt-trois ans, par jeune génie qui allait, comme Pouchkine quatre années plus tôt, mourir dans un duel.
Le roman se déroule entre 1827 et 1833, au bord de la mer Noire (péninsule de Taman) et dans le Caucase (les villes d'eau de Piat igorsk et Kislovodsk). Le protagoniste est un jeune homme désabusé. Celui-ci est présenté successivement de l'extérieur (par un t iers), puis de l'intérieur (par le biais de son journal).
Le Héros de notre temps, c'est Grigory Petchorine, jeune officier cynique et désabusé de cette première moit ié du xixe siècle.
Comme son cousin Onéguine sous la plume de Pouchkine (le nom d'Onéguine vient de la rivière russe Onéga, celui de Petchorine de la rivière Petchora), il fait part ie d'une générat ion qui est marquée par les débuts du romant isme mais aussi par une forme d'ennui et de spleen avant l'heure. Petchorine séduit des femmes mais il s'en ennuie presque aussitôt et les délaisse. Envoyé en garnison au Caucase, il croise autant de belles indigènes que de nobles Pétersbourgeoises qu'il ne pourra s'empêcher de vouloir séduire, et d'y parvenir.
Deux grandes part ies structurent l'oeuvre.
Dans la première, Le narrateur traverse le Caucase en voiture de poste et souhaite se rendre à Tiflis. Pendant ce spectaculaire voyage, il rencontre un capitaine de l'armée russe, Maxime Maximytch. Celui-ci lui narre l'histoire d'amour d'un jeune officier, Petchorine, et d'une Tcherkesse, Bèla.
La seconde grande part ie de l'oeuvre est le Journal de Petchorine, remis par le capitaine au narrateur. Celui-ci le publie après la mort du « héros de notre temps », survenue alors qu'il revenait de Perse.
Descript ion de la splendeur des montagnes et des vallées verdoyantes caucasiennes, aventures et brigands montagnards, le Héros est aussi un des chefs-d'oeuvre du roman psychologique... Petchorine est aussi un double de Lermontov lui-même, qui mourra comme Pouchkine en duel, à l'âge de vingt-six ans, et dans des circonstances que le Héros de notre temps annonçaient. La Russie perdait, encore une fois dans un duel, son autre plus grand poète.
« Le héros de notre temps, chers messieurs, est en effet un portrait, mais pas celui d'un seul homme : c'est un portrait composé des vices de toute une générat ion, dans leur plein épanouissement. » (Mikhaïl Lermontov). -
" La Locomotive ivre " rassemble des texte, de Mikhaïl Boulgakov.
Ces nouvelles où s'exprime une satire peinture incisive de la société soviétiques. L'ambiance de la Russie des années vingt, celle du communisme et de la de guerre" et de la "NEP" (Nouvelle Economie politique). Chroniques lucides et sensibles, journal d'un monde qui bascule . Récits à l'ironie mordante, à la frontière du fantastique où se mêlent à La tendresse, la dérision et l'humour. Et si la gravité n'est jamais absente, il reste toujours à l'issue de transformer le quotidien en farce.
De la rébellion "drôle" à la bouffonnerie " tragique ". Toute la palette inimitable du grand écrivain.
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Scandaleuse histoire
Fedor Dostoïevski
- Ginkgo
- Petite Bibliotheque Slave
- 6 Décembre 2023
- 9782846795531
Le célèbre écrivain russe Alexeï Remizov (1877-1957) , émigré à Paris après la Révolution russe, laissa derrière lui quelques formidables traductions, souvent faites en collaboration avec son ami Jean Chuzeville.
L'une des plus belles et étonnantes de ces traductions est celle de « Scandaleuse histoire » (aussi connu en France sous le titre « Une sale histoire ») de Dostoïevski. parue en 1945 aux éditions des Quatre Vents, avec de sublimes illustrations de Georges Annenkoff.
Scandaleuse histoire est un des récits les plus drôles de ce maître de l'humour qu'était aussi - on l'oublie parfois - Dostoïevski. Peu avant l'abolition du servage en Russie en 1861 et en pleine période de réformes, un haut fonctionnaire d'État, Ivan Pralinsky, jeune et plein d'idéaux, dîne avec deux collègues plus âgés. Le vin l'échauffe : il faut "aller vers le peuple", il faut mettre en oeuvre "l'humanitarisme vis-àvis des subordonnés" qui adoreront en retour leurs supérieurs. Sur le chemin de retour vers chez lui et alors que son cocher l'a planté, il apprend que non loin a lieu la fête de mariage d'un des ses subordonnés, Pseldonimov. Est-ce un signe du destin qui le pousse à appliquer ses idées ? Qu'à cela ne tienne, il va s'inviter à la noce. Tous salueront sa présence, tous l'écouteront, tous tomberont en adoration devant lui, devant sa bonté et sa grandeur d'âme. Mais rien ne va se passer comme prévu...
Critique des bons sentiments et des idéaux détachés des réalités, Scandaleuse histoire est un des textes les plus actuels et mordants de Dostoïevski, et les somptueuses illustrations d'Annenkoff en soulignent l'irrésistible drôlerie. -
Oleg, un jeune journaliste venu de Sibérie pour gagner sa vie dans Moscou la capitale, y crève de solitude et se posetout au long du roman des questions sur le sens de son métier et plus généralement sur le sens de son existence, alors qu'il était plus heureux dans son lointain village sibérien. Il rencontre un réalisateur, Arkadi Konoïevski, à peine plus âgé que lui, qui est accusé de corrompre et de débaucher la jeunesse et de calomnier la patrie. Il revoit aussi son ancienne amie, la mystérieuse Gazova, elle aussi emportée dans le grand jeu du réalisateur incriminé.
Ensemble ils vivront les multiples mésaventures de ceux qui veulent exprimer une voix libre en Russie : tenter envers et contre tout de filmer, serpenter sur des terrains mouvants semés d'embûches, échapper à des pièges rocambolesques.
Contournement de la censure oblige, le réalisateur Arkadi Konoïevski est un double de Kirill Serebrennikov avec qui l'auteur (dont le jeune journaliste Oleg est à son tour le double) a beaucoup travaillé.
Ce roman au style rapide, cinglant, renversant, entremêle avec beaucoup d'humour les références aux scandales évoqués dans la presse quotidienne en Russie. Publié par la prestigieuse revue littéraire "Oktiabr" («Octobre») puis par les éditions AST, Le Mensonge d'Hamlet a reçu en 2018 le prix de la Fédération de Russie intitulé «Lycée», en hommage à Alexandre Pouchkine. Il a ensuite figuré dans l'anthologie intitulée : «la meilleure prose des jeunes écrivains de 2018.» -
Aujourd'hui promu au rang des grand classiques russes, Andreï Platonov , né en 1899, mort en 1951, fut, de son vivant, un pestiféré. Visionnaire, critique féroce, humoriste désespéré, il a créé une langue profondément singulière, qui le place parmi les plus grands écrivains de notre siècle.
Monté sur sa haridelle « Force prolétarienne », Kopionkine, forme moderne de Don Quichotte, parcourt la Russie avec son compagnon Dvanov, en quête de « la génération spontanée du socialisme ». Ils échouent à Tchevengour, un lieu singulier où une utopie nouvelle a été mise en pratique : les bourgeois ont été massacrés, le travail interdit. « Ici, c'est le communisme et vice versa » leur annonce Tchepourny, responsable de la bourgade et apôtre d'une utopie nouvelle. Sans avoir jamais lu Marx, Tchepourny avait conçu le plan d'une communauté idéale. Dans cette étrange commune « hantés par des hordes de gueux », la surveillance est constante, les réunions sont permanentes, la logorrhée ne tarit jamais et « le soleil, le seul à travailler, se lève sur l'indigence du pays ».
Tchevengour est le constat de l'absurdité d'un système né d'une idée utopique imposée à des paysans imprégnés du christianisme des pauvres. Achevé en 1928, ce roman interdit d'Andreï Platonov est paru en russe pour la première fois à Paris, en 1972. l'ouvrage ne fut publié en Russie qu'au bout de soixante ans, soit trente-sept années après la mort de Platonov.
« Il fit l'effet d'une bombe, mais ne fut perçu que dans une seule de ses dimensions, comme une dystopie, relatant l'histoire d'un district perdu du sud de la Russie où, à la fin de la guerre civile, un groupe de communistes «impatients de la vie» instaure le communisme sans plus attendre. Le temps s'arrête alors, la population s'enfonce dans une vie étrange et des souffrances que rien ne peut guérir et, sans être parvenue à connaître le bonheur communiste, est sauvée par un détachement ennemi sauvage qui déboule de la grande steppe.
Le décryptage de la grandiose métaphore de Tchevengour occupera plus d'une génération, car cette oeuvre est l'une des plus importantes des années 20 et 30, avec Le Maître et Marguerite de Boulgakov, L'Envie d'Olecha et L'Invitation au supplice de Nabokov. C'est un roman sur une révolution rustique des steppes qui ignore les théories bolcheviques ; une oeuvre sur le paradis des va-nu-pieds, sur une tentative des pauvres en esprit d'accéder au royaume des cieux qu'on leur a promis. Un livre plein de liberté et de force, qui a gravé l'une des images de la Russie les plus stupéfiantes de la littérature. C'est pourquoi Tchevengour n'est pas seulement une ville, ou un espace pouvant abriter cette ville imaginée par Platonov, mais un état d'esprit, ou, plus largement, une allégorie de l'âme russe ».
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La Maison Bourkov, du nom du propriétaire que personne n'a jamais vu, est un immeuble de Saint-Pétersbourg, où, à côté de quelques appartements luxueux ou arrogants, se pressent des logements modestes, des chambres meublées pour petits employés ou pour étudiants, des salles communes pour les mendiants de la ville. Dans ce monde grouillant et besogneux et autour de la figure centrale du comptable Marakouline, qu'une injustice a privé de sa situation et qui, plus que les ressources matérielles, recherche à travers chaque épreuve le sens de la vie et un objet à l'idéal qui ne peut mourir dans son coeur, tournent dans une ronde tragique tous les locataires de la maison Bourkov, et surtout les femmes remarquables que croise Marakouline, qui toutes sont victimes de la cruauté des hommes et qui sont des «Soeurs en croix».
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Joseph J. Fuller (1839-1920) fut un capitaine baleinier américain célèbre en son temps qui navigua au départ de New London (côte Est des Etats-Unis) pendant plus de 35 ans durant la seconde moitié du XIXe siècle. Simple mousse à ses débuts, il consacra sa vie entière à la chasse à l'éléphant de mer (que l'on tuait pour l'huile), dans les mers australes et principalement dans l'Océan Indien, aux îles Heard et Kerguelen.
C'est dans cette dernière, appelée à l'époque « La Désolation » qu'il fit naufrage en 1880 et y passa un an avec un équipage en révolte dans des conditions dramatiques. Les périls affrontés courageusement et avec succès firent du capitaine Fuller le « Maître de la Désolation », titre donné aux mémoires qu'il écrira à la fin de sa vie.
Ce récit fut retrouvé en 1971 et publié une première fois aux Etats-Unis. Il est composé de deux parties successives :
« L'expédition du Roswell King » retrace les premières années du marin et les campagnes baleinières.
« Le Naufrage de la Pilot's Bride » est plus particulièrement consacré à l'expédition malheureuse de 1880 et sa funeste destinée.
Ce texte, pourtant écrit par un homme qui avait quitté fort jeune les bancs de l'école pour naviguer, présente d'indéniables qualités littéraires. Il est cependant et surtout un remarquable témoignage sur une profession mythique. Peignant avec réalisme la vie quotidienne et dure des marins baleiniers, il porte un éclairage direct (par l'un de ses principaux acteurs) sur une industrie, sur ses enjeux, ses dangers et indirectement sur le désastre écologique qu'elle provoqua.
La présente édition, traduite de l'américain, est précédée d'une introduction par Jean Claude Bousquet, ancien chercheur à l'IRD, qui longtemps travailla sur les îles Kerguelen et leur faune sauvage. Elle rassemble d'importantes informations sur la vie du capitaine Fuller et sur le monde de la chasse baleinière.
Un appareillage de notes et appendices, en partie d'époque (certaines rédigées par Fuller luimême), nous apporte de nombreuses et utiles informations sur les îles Kerguelen et leur environnement. Cartes, illustrations d'animaux et photographies anciennes complètent l'ensemble. -
Petit almanach des sports improbables et délaissés
Jean-Paul Plantive, Michel Guérard
- Ginkgo
- L'ange Du Bizarre
- 12 Juillet 2024
- 9782846795722
Quarante sports aussi improbables qu'essentiels ! À l'approche des Jeux olympiques de Paris, qui voient apparaître de nouvelles disciplines : le surf, l'escalade, le skateboard et le breaking, pourquoi limiter l'inventivité des créateurs de sports ? Pour répondre à cet engouement, Michel Guérard et Jean-Paul Plantive en proposent quarante : du saut en largeur au myriathlon, en passant par le lancer de cheval par équipe, le hockey sur place ou la lévitation synchronisée. Extrait Le lancer de petit pois. Qu'on ne s'y trompe pas : il ne s'agit pas de mesurer la force, mais l'adresse. Le matériel requis est extrêmement simple : un saladier de 20 cm de diamètre environ, une petite cuillère et une provision de petits pois frais. Les joueurs, placés à cinq mètres du saladier, doivent, à l'aide de la petite cuillère utilisée comme une catapulte, lancer le petit pois dans le récipient prévu à cet effet. Ce jeu d'adresse demande beaucoup de technique?; les jeunes s'entraînant spontanément dans les cantines scolaires avec des boules de mie de pain parviennent vite à un niveau éblouissant. De bons esprits voulurent jadis structurer cette activité très populaire, une fédération naquit, et des compétitions furent organisées avec un certain succès. Jusqu'à cette fameuse finale de la coupe de France de football, en 1958, qui mettait aux prises Reims et Nîmes. Le lever de rideau, qui voyait s'affronter les deux meilleures équipes nationales de lancer de petit pois, CheylardLévêque et Landivisiau, souleva un tollé général, les spectateurs ne parvenant pas à suivre la partie du fait de l'éloignement des joueurs. Après cet échec cuisant, le lancer de petit pois retourna à son aimable amateurisme. Les auteurs. Pratiquant depuis plus de vingt ans l'almanachie - un sport exigeant, toujours en doublette -, Jean-Paul Plantive, qui fut enseignant en lettres classiques (autre sport éprouvant), et Michel Guérard, illustrateur et graphiste virtuose (attention au pen-elbow !), reviennent sur la pelouse à l'occasion des Jeux parisiens, où se déroulera, en ouverture, une démonstration de sport improbable : le lancer de flamme olympique sur l'eau de la Seine, le relais devant s'opérer entre les lanceurs sans qu'elle s'éteigne ! Voici les trois précédents Almanachs de Jean-Paul Plantive et Michel Guérard, tous publiés chez Ginkgo éditeur :
- Petit Almanach des mestiers improbables & disparus, 2001.
- Petit Almanach des grands inventeurs improbables & méconnus, 2003.
- Petit Almanach des plantes improbables & merveilleuses, 2005. -
Une personnalité lumineuse : La Création de Robinson & autres récits satiriques
Ilia Ilf
- Ginkgo
- Petite Bibliotheque Slave
- 17 Mai 2024
- 9782846795616
Dans la ville imaginaire de Pichtchéslav, un petit fonctionnaire, Yégor Filiourine, utilise par mégarde un
savon révolutionnaire de l'inventeur un peu fou Babski, célèbre pour son assez peu pratique vélo en bois.
Le voici invisible ! L'apparition - ou plutôt la disparition - dans la petite ville de ce nouveau personnage,
surnommé, tel un super-héros soviétique, le « Transparent », sème un trouble édifiant.
Car que peut faire un homme invisible dans l'Union soviétique des années 1920, sinon s'immiscer dans
des réunions secrètes et lutter contre la corruption ? « Coucou, je suis là ! » est le cri de guerre qu'il lance
au moment crucial où les corrompus vont procéder aux pots-de-vin. Voilà qu'on ne peut plus être
corrompu en paix !...
Comme toujours dans l'Union soviétique, le fantastique est utilisé pour contourner la censure
(on a l'exemple de Coeur de chien et des OEufs fatidiques de Boulgakov, réédités chez Ginkgo), et prétexte
à une satire hilarante du système communiste.
Une personnalité lumineuse est ici suivi de sept des meilleurs courts récits satiriques de l'incomparable
duo, dont le plus célèbre, la Création de Robinson : ou comment un écrivain soviétique doit pour
satisfaire aux pré requis du Parti caser un commissaire du peuple sur une île déserte, aux côtés du pauvre
Robinson. -
À travers l'histoire de deux frères, Tikhon et Kouzma, Ivan Bounine dresse le portrait de la campagne russe à la fin du XIXe siècle. Le Village fit scandale à sa parution en 1910 : jamais personne n'avait dépeint le paysan russe, le moujik, traditionnellement idéalisé jusque dans ses défauts, sous des couleurs si crues et si sombres, qui font du premier roman de son auteur un poème noir et désespérant. Une écriture dense et précise, au service d'une fresque immense et terrifiante où se manifeste la cupidité, la plus féroce des jalousies et l'égoïsme le plus total. Un chef d'oeuvre !
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Récit d'un voyage à pied à travers la Russie
John Dundas Cochrane
- Ginkgo
- Memoire D'homme
- 14 Février 2024
- 9782846795432
Parti de Londres en 1820, John Dundas Cochrane, capitaine de la marine britannique, entreprend seul un voyage à pied à travers l'Empire russe, jusqu'aux frontières de Chine.
L'expédition prendra trois ans au bout desquels il retournera au pays en compagnie d'une épouse, une jeune Kamtchadale. Les difficultés, les incidents sont innombrables.
Notre singulier marcheur ne tient aucun compte des conditions météorologiques et prétend en plein hiver sibérien ne pas se vêtir autrement qu'en Ecosse.
Pourvu d'un équipement rudimentaire, il lui faut une certaine dose de courage et d'inconscience pour parcourir ces contrées glaciales par des chemins, quand il en existe, impraticables.
Mais, Cochrane est avant tout un amoureux du voyage, un fin observateur et son journal nous fait découvrir ce que fut la vie dans ces immensités encore sauvages.
C'est aussi le récit de la fantastique expérience vécue par un homme qui outre la fatigue, le froid et la faim, va découvrir chez ces peuplades un accueil et une générosité auxquels il ne s'attendait pas du tout avant son départ d'Angleterre.
Au fil des pages, le regard de Cochrane sur ceux qu'il croyait être des sauvages, des brutes ignares, change au point qu'il reconnaîtra n'avoir jamais été aussi heureux que perdu au milieu de la Sibérie. -
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« Que ressent une époque en train de périr envers ce qui vient à sa place? » L'imposant André Babitchev, éminent et arrogant membre du trust soviétique de l'industrie alimentaire et directeur d'une usine de saucisses dernier cri, recueille chez lui un homme qui dormait ivre au coin d'une rue, un homme que la nouvelle société a laissé sur le côté, Nicolas Kavalérov.
Celui-ci devient pour un temps son serviteur et son parasite:
Car le véritable protégé de Babitchev, Volodia Makarov, le prototype de l'homme nouveau, le jeune footballeur triomphant qu'aime la jeune fille dont Kavalérov est lui-même amoureux, sera bientôt de retour...
D'un côté les hommes nouveaux, sportifs, matérialistes, soucieux d'hygiène et de rendement. Au xixe siècle ils dissé- quaient les grenouilles, aujourd'hui ils construisent des avions et des combinats géants de saucisses. De l'autre côté l'éternel « homme du souterrain », intelligent et inutile, individualiste et terré dans son trou, dévoré par l'envie. [...] La sobriété de style d'un Bounine, la sophistication des constructivistes, l'imper- tinence d'un dandy se marient au burlesque et à l'inquiétant. (G. Nivat).
Fable symbolique d'une ironie féroce sur le fossé entre ceux du monde d'hier et qui ne sont rien et les vainqueurs du monde nouveau, L'Envie remporta à sa parution en 1927 en Union soviétique un immense succès : il était le roman crucial de son temps... Si moderne !
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Les OEufs fatidiques
Mikhaïl Boulgakov
- Ginkgo
- Petite Bibliotheque Russe
- 17 Septembre 2022
- 9782846795074
Les grandes découvertes, on le sait, sont souvent accidentelles.
Et celle que fit Persikov ce soir du 16 avril 1928 n'échappe pas à la règle...
Mais qui aurait pu prévoir l'épouvantable catastrophe.
Que des oeufs de poule on ne plus ordinaires allaient engendrer des grenouilles et des serpents géants et monstrueux ?
L'invention (fortuite) de Persikov, savant fou et génial est un rayon rouge qui permet une croissance accélérée. Un zélé et fort stupide serviteur du régime imagine repeupler rapidement les poulaillers des sovkhoses dévasté par une épidémie de Choléra.
L'imbécilité du personnage doublée de la gabegie de l'administration soviétique fera que les oeufs de poules seront interverties avec les colis d'oeufs de reptiles et de batraciens commandés par le savant Persikov pour ses expériences...
On ne saurait imaginer les conséquences en chaîne de ces événements initiaux...
Il résulte de cette expérience une monstrueuse éclosion de serpents et de crapauds géants qui sèment la panique dans la campagne, avant que les neiges hivernales aient raison de cette invasion aussi radicalement que des armées napoléoniennes.
Boulgakov mêle ici anticipation scientifique et dénonciation des absurdités de son époque.
La structure du récit est bâti sur un schéma analogue à « Coeur de chien » ou inversement (car écrit un an avant).
Un savant », sorte d'apprenti sorcier, déchaîne des forces néfastes qui se retournent contre lui - Comme la Révolution s'est retournée contre le peuple ?
Du moins tel pourrait-être le parti pris de Boulgakov dans ce court roman ou l'humour acide de l'écrivain fait merveille. Chef d'oeuvre qui n'a rien perdu de sa virulence.
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Alexandre Pouchkine,poète génial, romancier, créateur de la langue littéraire russe moderne, est l'orgueil de la Russie, son symbole. Ces oeuvres dans lesquelles se reflète l'âme russe, ont été publiées en millions d'exemplaires et traduites en plusieurs dizaines de langues du monde.
Dans son héritage littéraire ses contes en vers occupent une place particulière, basés sur le folklore national russe. Ici Pouchkine se souvient des contes russes, immémoriaux, que lui récitait sa « niania » quand il était enfant, comme à tant d'enfants. Pouchkine les transfigure avec son génie propre, tout en parvenant à restituer la candeur incomparable et l'authenticité du conte populaire.
« On se retrouve, dès les premiers mots de Pouchkine, emporté dans un tourbillon d'aventures où il est question de poissons magiques, de diablotins taquins mais aussi de princesses à sauver. L'imaginaire slave est bel et bien au rendez-vous. » -
Le Sceau égyptien est avant tout une oeuvre révolutionnaire, dans la pleine acception de ce terme à multiples tranchants. D'abord parce qu'elle traite d'une période révolutionnaire : l'été 1917 - " l'été Kérenski ", comme dit Mandelstam, - depuis la révolution " bourgeoise " de février jusqu'à la révolution " révolutionnaire " d'Octobre. " Le Sceau égyptien " donne un reflet inhabituel et déconcertant de cette période cruciale de l'histoire russe Révolutionnaire - des éléments se succèdent apparemment sans liaison, pour se dissoudre en une image finement burinée d'un monde en gestation - Comme souvent dans la littérature russe, Pétersbourg prend une dimension cruellement humaine. La ville est avant tout un personnage qui conditionne l'action et les réactions des hommes.
Elle vit sa propre existence, en apparence indifférente à l'agitation qui l'habite, mais elle y participe. Mandelstam réussit à rendre ce sentiment fait à la fois de possession et d'insécurité ; dominatrice.