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Au coeur de l'Ouest : Notes de voyage
Washington Irving
- Heros Limite
- Geographie(s)
- 18 Octobre 2024
- 9782889551088
Cinq cahiers de notes rassemblées (du 3 septembre 1832 à la fin novembre) lors d'une expédition menant de Cincinnati aux terrains de chasse des Indiens Osages, et qui ont fourni à Washington Irwing l'essentiel du matériau pour la rédaction de A Tour on the Prairies, paru en 1835. Le récit d'un périple au coeur de l'Ouest (encore) sauvage étasunien.
L'auteur de La légende de Sleepy Hollow semble ne vouloir rien perdre de l'étonnante expérience au sein de laquelle il plonge. Ce n'est pas le moindre intérêt du récit de l'écrivain voyageur que de saisir la géographie humaine dans toute sa complexité. L'Ouest américain de 1832, tel qu'il apparaît ici, est encore en devenir et constitue un monde contrasté où les appartenances ethniques et culturelles restent fluides et perméables. Indiens, Noirs, Métis et Blancs de tous horizons habitent en quelque sorte une même maison aux enclos mal définis, dans un étonnant désordre où la sagesse des uns parfois étonne, et féconde aussi, la sagesse des autres.
Il y a de plus quelque chose de cinématographique dans ces notations où rien n'est jamais statique. Le style presque toujours nécessairement télégraphique confère à la langue une extraordinaire puissance rythmique qu'aucune préoccupation de lissage ne vient endiguer.
Washington Irving va sans cesse « à la rencontre ». Ces pages sont habitées et traversées d'une multitude disparate de personnages, très souvent hauts en couleurs et en paroles, chacun porteur d'une histoire dont on mesure aisément les potentialités littéraires et qui fait, en quelque sorte, récit dans le récit. Les paysages, la physionomie des implantations humaines, la diversité sans fin du végétal, la variété du gibier (tout autant que des mets) participent de cette impression de vivant foisonnement. -
Un mystérieux corbeau au prénom biblique et à l'attitude prophétique, Jacob, tente de décrire et de comprendre les moeurs et les coutumes de l'être humain (« cet animal qui s'enrhume »).
Et plus encore que de s'intéresser simplement à la société humaine, l'oiseau au bec dur et à la plume noire observera la vie dans le camp de concentration du Vernet, situé sur le bord de la route Nationale 20, au nord de Pamiers en Ariège.
Dès 1939, suite la défaite de la République espagnole, furent emprisonnés dans ce camp d'internement français 12 000 combattants espagnols de la Division Durruti. A la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, les étrangers « indésirables », les intellectuels antifascistes, les membres des Brigades internationales furent également internés au Vernet dans des conditions terribles. Elles seront décrites par l'écrivain Arthur Koestler - lui-même interné au Vernet d'octobre 1939 à janvier 1940 - dans La Lie de la terre.
A partir de 1942, transitent par le camp les juifs arrêtés dans la région, par l'administration de Vichy dans un premier temps, puis par les Allemands. En juin 1944, les derniers internés sont évacués et déportés à Dachau. Au total environ 40 000 personnes de 54 nationalités y ont été internées, principalement des hommes, mais des femmes et des enfants également.
Max Aub fut interné au Vernet entre 1940 et 1941 puis déporté à Djelfa jusqu'en 1942. Tel un petit traité, au-delà de cette terrible expérience, ce récit permet à Max Aub de retracer avec un humour glaçant, avec ironie et sarcasme, le comportement des hommes et le destin tragique de la condition humaine. Max Aub en a publié une première version dans la revue Sala de Espera, en 1949 et 1950, puis une seconde version modifiée, en 1955. C'est la traduction de cette dernière que nous proposons ici.
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Un monde à part ; cartes et territoires
Kenneth White
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 9 Février 2018
- 9782940517794
Un monde à part se pense comme une traversée, à la fois de territoires et d'époques, un cheminement à travers la notion de « géopoétique » dont KennethWhite est l'instigateur. Fidèles au désir de « nomadisme intellectuel » qui porte l'auteur depuis ses débuts, les textes rassemblés dans ce recueil sont le reflet de son immense curiosité (littérature, géogaphie, cartographie, histoire ou encore philosophie) et de ses connaissances multiples. Parsemés d'éléments bio-graphiques qui dessinent aussi un portrait en creux de leur auteur, ils sont comme autant de pérégrinations géographiques et intellectuelles qui emmènent le lecteur d'une « éloge de la cartographie » à une « une cartographie psycho-historico-culturelle-intellectuelle de l'Écosse » en passant par des «investigations et expériences sur les chemins du monde » (la côte balte, la mer Noire, les rives du Gange...). Autant de façons de faire du territoire le personnage central de ce « monde à part », qui n'est autre que le monde dans lequel nous évoluons. Kenneth White le donne à lire par le prisme de savoirs variés, et d'un contact « direct », curieux et explorateur. Il crée ainsi un territoire de pensée qui lui est propre, et qui dessine une approche résolument singulière du monde.
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«Les Pyrénées c'était quelque chose comme une bande rousse sur la carte, verte et noire par ailleurs, sur laquelle apparaissaient quelques taches: les montagnes. A droite et à gauche la carte virait au bleu, c'était la mer. Oui, les Pyrénées séparaient l'Espagne de la France. Avec ça, il fallait chaque fois réfléchir un brin avant d'écrire leur nom.»
Publié en 1930, ce récit, traversée géographique, sociale et humaine de la région des Pyrénées, s'organise moins comme un journal classique que comme une série de tableaux ou de portraits, dans lesquels sont décrits les événements auxquels assiste ou participe Tucholsky. Accueilli par des habitants dépassant l'hostilité nationaliste franco-germanique, il y découvre ses traditions et ses voix multiples, mais aussi son histoire: du Cirque de Gavarnie, aujourd'hui encore un haut-lieu du tourisme pyrénéen, à la ville de Lourdes, en passant par les villes de Cauterets, la station thermale d'Eaux-bonnes, la Corrida à Bayonne, les Basques de Saint-Jean-Pied-de-Port... Tout est observé et décrit par l'auteur avec une minutie et une justesse rares, qui se ponctuent par ce ce que Jean Bréjoux nomme une «déclaration d'amour à la France». Un accueil et un abri essentiels alors que son pays natal, l'Allemagne, devenait, pour lui et sa pensée, invivable. -
Memoria sur la pampa et les gauchos a été écrit en 1970 au retour d'un séjour en France. Cesares y entreprend une enquête fondée sur son vécu, notamment lorsqu'il se rendait à Rincón viejo, la propriété familiale sise à Pardo, dans la province de Buenos Aires. Adolfo Bioy Casares a en effet été fortement imprégné des scènes de la vie des gauchos argentins durant son enfance dans l'estancia familiale.
Avec ce livre, fidèle à son souci d'érudition et à sa manière propre d'user de l'interprétation, l'auteur de L'invention de Morel se met à rêver à la vie du gaucho que ni lui ni Jorge Luis Borges, n'auront réellement vécue. Bioy Casares réfléchit ici à la figure du Martín Fierro (nous avons publié l'essai de Jorge Luis Borges en 2012) et ce qu'elle représente dans la littérature mais aussi dans la société argentine du XXe siècle.
La construction du récit est parfaite. Le gaucho y acquiert un statut mythique :
Sorte de chevalier moderne, archétype de Don Quichotte. Chansons d'une autre époque, personnages de films, photographies, poèmes de l'une des traditions littéraires nationales ; l'ensemble devient une petite une somme de documents, de sources et de pièces à conviction qui contribuent à la légende argentine de la pampa. L'érudit et faiseur d'histoires Casares joue avec élégance sur l'imagerie, entre mémoire et imaginaire. Des photographies en noir et blanc, petites pépites classées par ordre chronologique, jalonnent le texte. Les histoires et chansons de payador qui s'y succèdent sont brèves, enchantées. C'est en réalité une vision moderne des chanteurs illettrés du Moyen Âge qui s'en dégage de manière spontanée et improvisée.
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L'HISTOIRE DE COMOCK L'ESQUIMAU, racontée à Robert Flaherty, éditée par Edmund Carpenter.
En 1902, Comock conduisit sa famille affamée à travers la banquise, tentant d'atteindre une île giboyeuse. Munis uniquement d'un petit couteau et de quelques pierres leur servant d'outils, ces Inuits réussirent à survivre - et même à prospérer - sur l'île déserte et glaciale dont ils étaient les seuls habitants humains. Dix ans plus tard, Comock retourna sur la terre ferme en compagnie des siens à bord d'une embarcation faite de bois de flottage et d'os de haleine.
Cornock raconta son histoire extraordinaire à Robert Flaherty en 1912. Bien des années plus tard, le réalisateur consigna par écrit ce récit qui s'avéra aussi puissant et intemporel que son célèbre film documentaire Nanouk l'Esquimau. Edmund Carpenter, un anthropologue et réalisateur qui, à son tour, a entrepris de nombreuses expéditions dans le Nord du Canada et y a fréquenté les Inuits, a exhumé les merveilleux dessins qui illustrent ce récit et a écrit un épilogue circonstancié à l'Histoire de Comock.